Santé mentale au travail : pourquoi c’est un enjeu majeur pour les entreprises

Publié le 9 octobre 2025 à 08:30

La santé mentale est une composante essentielle de la santé globale de l’individu. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), elle se définit comme « un état de bien-être complet physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Ministère de l'Économie

Dans le contexte professionnel, de nombreux facteurs peuvent fragiliser cet équilibre : surcharge de travail, manque de reconnaissance, tensions internes, conditions de travail difficiles, etc. Ministère de l'Économie

Pour l’entreprise, les conséquences d’une mauvaise prise en compte de la santé mentale sont réelles et multiples :

  • baisse de productivité,

  • absentéisme,

  • turnover plus élevé,

  • risques d’accidents du travail — selon les données 2023, 12 000 accidents de travail étaient liés à des maladies psychiques reconnues d’origine professionnelle. Ministère de l'Économie

  • dégradation de l’image interne et externe de l’entreprise.

De plus, l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail identifie plusieurs risques psychosociaux (RPS) fréquents au sein des organisations :
• charge ou rythme de travail excessif,
• horaires contraignants,
• missions mal définies ou manque d’autonomie,
• conflits, harcèlement ou manque de soutien managérial,
• conditions de travail pénibles ou insécurité de l’emploi. Ministère de l'Économie

Ainsi, agir sur la santé mentale des salariés n’est pas seulement un acte éthique : c’est aussi une démarche stratégique pour la pérennité et la performance de l’entreprise.

Obligations légales de l’employeur

En France, l’employeur a une obligation générale de sécurité envers ses salariés, incluant la protection de leur santé physique et mentale. Ministère de l'Économie+1 Cela suppose notamment :

  • la mise en actions de prévention, notamment contre les risques psychosociaux (RPS) ;

  • l’information et la formation des salariés sur ces enjeux ;

  • une organisation du travail adaptée, qui limite l’exposition aux facteurs de risque. Ministère de l'Économie

Par ailleurs, les entreprises doivent réaliser un document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP), qui recense tous les risques (y compris les RPS). Ce document est obligatoire et doit être mis à jour régulièrement. Ministère de l'Économie

Des textes législatifs encadrent ces obligations, notamment les articles L.4121-1 et L.4121-2 du Code du travail, ainsi que la loi n° 2021-1018 du 2 août 2021 visant à renforcer la prévention en santé au travail. Ministère de l'Économie

Aides et dispositifs pour soutenir la santé mentale au travail

Pour accompagner les entreprises dans la prévention des RPS et la promotion de la santé mentale, l’État propose diverses aides et dispositifs. Voici ceux recensés sur le site du ministère :

Public concerné Dispositif / aide Objectif Montant, conditions, modalités
TPE / PME < 50 salariés Subvention « RPS Accompagnement » (Assurance maladie) Accompagnement d’une démarche collective de prévention Prise en charge jusqu’à 70 % de la prestation (minimum 1 000 €, maximum 25 000 €) (Ministère de l'Économie)
Entreprises < 200 salariés Contrat de prévention (Assurance maladie) Financement de projets visant à améliorer les conditions de santé et sécurité Aide plafonnée à 25 000 € (Ministère de l'Économie)
Entreprises < 300 salariés (hors structures publiques) Fonds pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) Cofinancer des projets d’amélioration des conditions de travail Montant variable selon le projet (Ministère de l'Économie)
Tous dirigeants Dispositif APESA (Aide psychologique aux entrepreneurs en souffrance aiguë) Soutien psychologique pour les entrepreneurs en difficulté Jusqu’à 5 séances avec un psychologue prises en charge (Ministère de l'Économie)
Toutes entreprises Formation « Premiers secours en santé mentale » (PSSM) Sensibiliser, délester la stigmatisation, former à l’écoute entre collègues Finançable via un OPCO ou le plan de développement des compétences (Ministère de l'Économie)

👉 À noter : certaines actions de prévention peuvent également donner droit à une réduction du taux de cotisation AT/MP (accidents du travail / maladies professionnelles). Ministère de l'Économie

Ces dispositifs sont autant d’appuis pour les entreprises, en particulier les plus petites, qui veulent mettre en place des actions concrètes sans porter seules le coût financier initial.

Outils pratiques et ressources pour passer à l’action

Au-delà des aides financières, des outils et ressources sont mis à disposition pour aider les entreprises à identifier, structurer et piloter leurs démarches :

  • Outils d’auto-diagnostic : l’Assurance Maladie, l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) et l’ANACT proposent des questionnaires en ligne pour faire un premier bilan des RPS et aider à compléter le DUERP. Ministère de l'Économie

  • Boîtes à outils & guides pratiques : le ministère du Travail met à disposition des outils pour sensibiliser, former, structurer les actions de santé mentale dans les équipes. Ministère de l'Économie

  • Formation en ligne : la plateforme France Université Numérique (FUN-MOOC) propose des modules gratuits pour comprendre et gérer les risques psychosociaux. Ministère de l'Économie

Ces ressources sont utiles pour structurer une démarche progressive, même dans des entreprises sans service de santé au travail dédié ou grande expertise interne.

Vers une stratégie durable de santé mentale en entreprise

Mettre en place des actions ponctuelles, c’est bien. Mais pour que la santé mentale devienne une véritable composante de la culture d’entreprise, voici quelques bonnes pratiques :

  1. Intégrer le sujet dans la gouvernance
    Associer le comité de direction, les RH, les managers de proximité dans la feuille de route santé mentale.

  2. Diagnostiquer les besoins spécifiques
    Chaque structure est différente. L’auto-diagnostic est un bon point de départ, mais prévoir des enquêtes internes pourra affiner la stratégie.

  3. Agir sur les leviers organisationnels
    Réviser les charges de travail, le management, les processus, les horaires, les modes de fonctionnement.

  4. Former et sensibiliser
    Généraliser des formations telles que PSSM, sensibiliser les managers aux signaux faibles (stress, isolement, signes de souffrance).

  5. Déployer des dispositifs d’accompagnement individuel
    Cellules de soutien psychologique, entretiens, médiation, recours à des professionnels externes.

  6. Mesurer et ajuster
    Suivre l’évolution des indicateurs (absentéisme, turnover, retours salariés) et ajuster les actions en continu.

  7. Valoriser les réussites
    Communiquer en interne sur les avancées, impliquer les salariés, valoriser les initiatives.

Conclusion

La santé mentale au travail est aujourd’hui une dimension incontournable de la responsabilité de l’employeur. Face aux enjeux humains, économiques et légaux, les entreprises disposent désormais de dispositifs d’aide et d’outils concrets pour avancer : subventions, dispositifs de prévention, formations, diagnostics, etc. (tous recensés par le ministère de l’Économie) Ministère de l'Économie

L’essentiel est de bâtir une démarche progressive, adaptée à la structure, intégrée à la stratégie RH, et suivie dans le temps. L’investissement dans la santé mentale est avant tout un investissement dans la résilience, le bien-être et la performance de toute l’entreprise.

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